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Happy cactus et les cailloux bresiliens

Après environ deux ans d’absence, hier soir a marqué le retour fracassant de mon pied frétillant sur le lino d’une cave éclairée, de toute évidence, au groupe électrogène catatonique. J’entends les dance-floor à travers le monde pousser des soupirs de soulagement…a moins que ca ne soit leur ultime murmure.

En tentant de ne pas mater trop ostensiblement la fille qui se trémousse a quinze centimètres de moi, vêtu du plus simple appareil, t-shirt et talon aiguilles, je commence à calculer combien nous économiserions tous en jeans…et l’impact a court, moyen et long terme sur l’industrie du textile.

Les hommes ont, manifestement, d’ores et déjà, décidé de frapper un bon coup. Ce n’est plus un jean slim. A ce niveau chéri, c’est un Dym opaque. Je comprends mieux pourquoi la jeune femme était (je ne pensais jamais avoir à utiliser ce mot un jour) « cul nu » en boite.

A ce train la, avec mes cols roules et jeans ultra large en plein été, envers et contre le baromètre, je serais la seule à pouvoir soutenir l’exploitation du mouton, la traite du vers a soie et la déforestation des champs de coton. Sauvés !

Ces jours-ci, je songe à la rédaction de mon testament. N’ayant pas encore de légataires, j’ai commence à m’inquiéter de l’avenir de mon capital.

Que va devenir ma collection de CDs, vénérable accumulation de prix verts Fnac, imports douteux et albums témoins de mon éternelle hippie-tude ?

Ou vont continuer à moisir les quatre cents bracelets brésiliens, tissés avec amour entre juin 1994 et aout 1996 ?

Qui écopera des mes quinze kilos de pierres, précieuses ou humble gravier, ramassées depuis que je suis en âge de porter des salopettes/ jupes/ jeans/ robes a poches.

Je n’en dormais plus le jour (sur Wikipedia je suis citée dans la catégorie « bestioles nocturnes »). Apres avoir ébauché une liste de plusieurs héritiers potentiels pour ma jarre de billes artisanales, je réalisai que je passais à cote de l’essentiel : le sort de mes « pets » sur Facebook.

Tel un chef lémurien (image forte s’il en fut), j’optai pour la mesure choc. La mesure coup de poing. La mesure préventive. Je peux maintenant ronfler sur mes deux oreilles, en sachant qu’ ils ont tous retrouve des foyers aimants, capables de les couvrir de « happy cactus » et autres chocolats virtuels a 950 000 roubles la boite (j’ai fait la conversion).

Et moi qui passe déjà trois heures devant le rayon confiserie à me mordre les ongles (virtuels eux aussi, hélas) pour une tablette a 300 yens.

Je supprimerais carrément mon compte facebookien, volontiers même. Or, ayant rédigé une mini thèse sur la question, je sais maintenant qu’il me faudrait l’assistance d’un avocat pour parvenir à mes fins.

Outre le fait que maitre Verges a une waiting-list impressionante, je préfère garder les éventuels frais de celui-ci sous le coude pour financer cette magnifique paire de Wayfarers virtuelle qui ira à merveille sur le nez virtuel de ma photo de profil ultra retouchée.

Après tout, vaut mieux avoir la classe pour siroter un café, shaken not stirred, avec l’ ami informatique, non?

©Soraya Nigita 2008