Pédagogie du Célibataire
Une seconde de plus, et je tire la gâchette de mon mini fusil à pompe /lime à ongle – on trouve vraiment de tout au téléachat maintenant. Un coup sec dans le crâne. Ping.
Les miettes ensanglantées de ma frêle composition viendront s’encastrer auprès des dépôts de substances vert de gris qui ornent déjà de leur frais ton pastel les murs de la pièce.
Non, allons plutôt voir un autre studio Madame. Merci bien.
Même si j’apprécie fort le comité d’accueil de cafards intermittents qui a entonné avec enthousiasme et polyphonie ‘Welcome to the Jungle’ le temps de la visite– chorégraphie à l’appui…
L’avantage avec le célibat, et donc de l’appartement de célibataire- le bachelor pad en anglais, c’est le côté ‘éternelle découverte’. C’est le voyage en terre inconnue, sans plan de métro.
Ça commence avec le mode d’emploi du frigo, le compartiment du bas, par exemple. Il ne s’agit guère d’une section VIP pour légumes en mal de reconnaissance.
Il a pour fonction primaire de permettre aux carottes de préserver leur potentiel phallique. J’entends par là qu’ils ne se laissent pas ramollir au premier signe de froid. Parce qu’une carotte fripée, même une ballade de Jean-Luc Lahaye ne pourrait rien pour la ramener d’entre les atrophiés.
Aussi, est-il bon de vérifier les niveaux du froid. Ce n’est pas sous prétexte que tu as placé un aliment dans la boîte magique qu’il est assuré de connaitre un paisible destin de comestible cryogénisé. Tu n’es en rien à l’abri d’une putréfaction en technicolor, ou d’une transformation de ton réfrigérateur en Palais de Glace à la Docteur Jivago.
On devient mathématicien. Toi aussi tu sauras calculer l’angle d’ouverture parfait te permettant de faire une sieste en plein après-midi, à l’abris des regards indiscrets de ton acrobate de voisin de vis-à-vis, en partant de son poids au km2 (la tète en bas) rapporté à la hauteur de l’immeuble, divisé par l’heure d’hiver. E=Mc Solaar. Fastoche.
Tu feras la découverte de cultures provenant d’aires géographiques diverses. Le voisin situé latitude sud vient manifestement du nord, ce qui le pousse à entreprendre des travaux d’ébénisterie entre 2 et 3 heures du matin, au son de chant de hiboux bulgares.
Tu t’improviseras arbitre pour des sports dont tu ignorais jadis l’existence. Grâce au curling, tu ne verras plus jamais ton balai et ta bouilloire du même œil. Avec ta nouvelle maîtrise du baromètre réfrigérant, tu t’entraineras dans le confort de ton propre salon/ salle a manger/chambre à coucher/ douche, en attendant que le sport s’exporte par-delà des frontières du Canada.
Tu rejoindras la trépidante équipe de bowling sur gazon, dont les membres sont impressionnants d’agilité pour leurs 110 ans.
Tu auras peine à te souvenir de la vie avant les jeudis soir passés une tasse de chocolat chaud au poing à comptabiliser le nombre d’arcades sourcilières réduites en carpaccio à l’issu d’un match de foot australien.
Tu apprendras qu’il est beaucoup plus difficile de s’électrocuter que ne le prétend la rumeur populaire : un quart d’heure à faire le moonwalk dans un lavomatic inondé sans recevoir la moindre décharge. De même pour le fer à défriser laissé à chauffer sur le bord d’un évier imprégné de vapeur : même pas une étincelle. Intox de toute évidence.
Dressé à l’usage du bon vieux réchaud à gaz depuis tes plus tendres années, tu découvres le potentiel de destruction atomique du micro-onde.
Il avait pourtant l’air plutôt innocent perché en haut de ta kitchenette. Tu ignorais que l’ajout d’une goutte d’huile au fond du Tupperware vaudrait à tes courgettes à l’ail une mention dans la rubrique des faits divers.
A la suite d’une soirée popcorn qui tourne mal – lésions pulmonaires irréparables, etc. – mais a l’avantage de tester la rapidité d’intervention des pompiers, un reporter te harcèle de coups de fils, à l’affût d’une histoire qui mettrait en cause un robot ménager et l’intégrité d’un, ou plusieurs, de tes membres.
Et l’aspirateur- qui en a dupé plus d’un avec son faux-ami de patronyme- n’aspire pas. Il faut le nourrir à la petite cuillère et lui faire des gazouillis d’encouragement pour venir à bout des quatre cucarachas dans le vent qui ont tenu à emménager avec toi– tu les as affectueusement surnommés les Beetles.
Oui, j’ai decouvert Spoon l’autre jour sur une B.O de film et depuis completement fan je suis 😉
Contente que ces anecdotes te plaisent en tout cas.
j’aime ces vérités du commun des célibataires ! 🙂
et j’aime beaucoup Spoon dit donc ! je connaissais pas du tout !